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Dans cette Exploration tu vas lire deux textes qui montrent comment les gens peuvent réagir à quelqu’un qui est différent. Quand on rencontre une personne qui est différente de nous (par son physique, son caractère ou ses choix dans la vie), on peut adopter une attitude curieuse, intéressée et ouverte. Mais parfois, les gens peuvent aussi éprouver de la peur ou des sentiments de supériorité.
Le texte 1 vient du roman Petit pays de Gaël Faye. Ce roman raconte une histoire inspirée par la biographie de l’écrivain: il s’agit de la guerre civile au Burundi, suivie du génocide des Tutsi au Rwanda en 1994.
Le texte 2 est un poème de Charles Baudelaire sur un albatros, un des plus grands oiseaux du monde. Les albatros passent presque toute leur vie à voler dans le ciel, sans atterrir. Baudelaire montre qu’ils sont des rois dans le ciel, mais très maladroits sur terre. On pourrait dire que l’albatros est à l’opposé de l’être humain.
Y-a-t-il un lien entre le texte 1 et le texte 2? À première vue non, mais il tu vas découvrir qu’il y a des points communs.
Texte 1
– La guerre entre les Tutsi et les Hutu, c’est parce qu’ils n’ont pas le même territoire ?
– Non, ça n’est pas ça, ils ont le même pays.
– … ils n’ont pas la même langue ?
– Si, ils parlent la même langue.
– Alors, ils n’ont pas le même Dieu ?
– Si, ils ont le même Dieu.
– Alors, pourquoi se font-ils la guerre ?
– Parce qu’ils n’ont pas le même nez.
La discussion s’était arrêtée là. C’était quand même étrange cette affaire. Je crois que Papa non plus n’y comprenait pas grand-chose. À partir de ce jour-là, j’ai commencé à regarder le nez et la taille des gens dans la rue. Quand on faisait des courses dans le centre-ville, avec ma petite sœur Ana, on essayait discrètement de deviner qui était Hutu ou Tutsi. On chuchotait :
– Lui avec le pantalon blanc, c’est un Hutu, il est petit avec un gros nez.
– Ouais, et lui là-bas, avec le chapeau, il est immense, tout maigre avec un nez tout fin, c’est un Tutsi.
– Et lui, là-bas, avec la chemise rayée, c’est un Hutu.
– Mais non, regarde, il est grand et maigre.
– Oui mais il a un gros nez !
Source: Gaël Faye, Petit pays. Paris : Grasset, 2016, p. 10.
Texte 2
L’Albatros
Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage | scheepsbemanning |
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers, | grote zeevogels |
Qui suivent, indolents compagnons de voyage, | |
Le navire glissant sur les gouffres amers. | bittere diepten |
À peine les ont-ils déposés sur les planches, | |
Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux, | hemelsblauw |
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches | |
Comme des avirons traîner à côté d’eux. | roeispanen |
Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule! | onhandig en zwak |
Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid! | |
L’un agace son bec avec un brûle-gueule, | pijp |
L’autre mime, en boitant, l’infirme qui volait! | de kreupele die vloog! |
Le Poète est semblable au prince des nuées | wolken |
Qui hante la tempête et se rit de l’archer; | de schutter uitlacht |
Exilé sur le sol au milieu des huées, | boegeroep |
Ses ailes de géant l’empêchent de marcher. |
Source: Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal (1861)
D’abord, il faut connaître quelques mots pour mieux comprendre les textes. Suivez les trois étapes suivantes (de volgende drie stappen) pour découvrir la signification de quelques mots et petites phrases.
- Cherche d’abord les mots que tu connais déjà. Traduis-les.
- Devine les autres mots. Peut-être que tu peux le faire à l’aide de l’anglais ou d’une autre langue que tu connais.
- Utilise deepl.com ou un dictionnaire pour traduire les mots qui restent.
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